5-4-3-2-1 J’EXISTE

Une nuit nous avons fait le même rêve. Dans ce rêve nous jouions un spectacle qui commençait par une scène avec l’homme en costume et la femme en robe de soirée. À la fin du spectacle, c’était la même image mis à part les costumes, inversés. Au matin, nous nous sommes racontés nos rêves. Cela a été l’élément déclencheur de ce spectacle.

Nous avons grandi, chacun·e, en étant, respectivement, un homme et une femme. Aucun·e de nous deux n’est, à priori, né.e dans le mauvais corps mais plutôt inscrit dans les mauvais codes. Nous avons vécu en essayant de devenir, le mieux possible, un homme et une femme, à l’endroit attendu. Mais cette notion de “réussite”, s’inscrivait pour nous, comme pour la plupart des gens, dans un schéma normé, bien classique, qui ne permet pas d’exister hors des cases – à moins de les refuser.

Jacques Brel disait : « Il faut s’entendre sur le mot réussir, moi je crois qu’on ne réussit qu’une seule chose, on réussit ses rêves (…) Le talent ça n’existe pas, le talent c’est avoir l’envie de faire quelque chose ».

Est-ce que notre rêve intime est de répondre à ce que l’on attend de nous? Sommes-nous éternellement voué·e·s à répondre au désir de l’autre? En quoi ce rêve commun que nous avons fait à un rapport avec nos propres désirs enfouis? Pourquoi a-t-on rêvé d’un spectacle, du lieu du théâtre? Pourquoi nous deux?

C’est dans l’objectif de répondre à ces interrogations que nous voudrions tenter, pendant une heure, de chercher, ensemble, avec nos outils et nos envies artistiques communes, notre amitié partagée, comment exister. Exister, même si on ne sait pas comment faire. Et peut-être qu’en s’avouant, mutuellement, nos emprisonnements, nos échecs, nos méconnaissances de soi et de l’autre, nos maladresses, notre bêtise et notre lâcheté pourrions-nous, en quelque sorte, réinventer le courage ou en tout cas convertir notre découragement en reconquête de soi et donc, de l’avenir.