K.

Un regard – hyper expressif / Kadhiravan est vif, habile, il fait des bruits de lèvres explosifs, certaines fois 3 notes « he ha hé » reviennent, il claque la langue sur son palais / Il ne prononce pas de mots / Pas un. On dit de lui qu’il est autiste. Ce qui est sûr c’est qu’il est là tous les lundis et mardis avec nous. Ça fait plusieurs années qu’il vient là, il a 13 ans, il est arrivé à 3.
Une fois, oui, si si, peut-être
un son est sorti qui pouvait être un bonjour. Sans le b. Sans le j.

L’énigme de l’altérité traverse parents, amis, soignants, étrangers, avec une multitude de réactions, de curiosité, de peur, de protection, d’incompréhension, de désintérêt, de rejet et tant d’autres variations épidermiques ou raisonnées. Comment trouver le chemin de nous à lui et de lui à nous ?
On imagine. On projette.
On chante, la mélodie semble trouver une voie que le sens ne trouve pas.
On ne sait pas.

Pour la première fois dans nos créations, ce sera un héros de projections, d’imagination, animé par les lignes qui s’inscrivent sur le papier, sur le bois… Je choisis pour faire vivre sur scène ce mystère d’humanité de créer un personnage qui ne sera pas incarné par un ou une interprète. Avec Shih Han Shaw (dessin et animation J’avance et j’efface et Vilain !) et Félix Blondel (animation dans Vilain !) nous commençons dès aujourd’hui à créer ce personnage en film d’animation, fait d’images projetées, de matières (papier, bois, tissus…) : deux grands yeux, vifs, expressifs, une fenêtre que l’on rêverait être un pont. Mais l’autre rive est trop loin pour l’instant. Une création qui parle de la recherche d’un Sésame, et surtout de la force et de la richesse que d’accepter de ne pas savoir. Sur scène nous retrouverons musiciens et acteurs, actrices pour incarner cette quête à corps perdus de l’ouverture ou de la compréhension.

Photos © Simon Gosselin